Ratage ou réussite ?
A entendre et lire un peu partout que l’exposition du musée d’Orsay « masculin/masculin » était nulle, mon impression à l’arpenter ne fut pas aussi négative. Comme quoi il faudrait faire l’autiste absolu avant d’aller voir chaque manifestation culturelle.
Je ne ferais pas un compte rendu exhaustif. On ne peut pas dire qu’un travail sérieux n’a pas été accompli. Les thématiques se suivent, nous présentant le nu masculin sous ses différents aspects. Le mélange systématique des époques brouille quelque peu le message initial.
Reste des oeuvres. Au hasard, bien des images académiques du 19ème siècle singulièrement ratées et grotesques. Un mort au combat de Jean Jules Lecomte Du Nouy, nu, » porcelainé » dans une position aussi bête qu’artificielle, avec une petite tête. Quel beau métier pour aboutir à un résultat à ce point incongru et lamentable.
Parmi les oeuvres plus proches dans le temps : Lucian Freud et Bacon, Egon Schiele et d’autres encore. Freud dans la matière avec des empâtements maîtrisés mais parfaitement gratuits. Sa peinture dénote un métier remarquable, ses compositions se tiennent et pourtant il lui manque l’essentiel. Ce qui ne fait pas défaut à Bacon et Schiele : un sens du tragique véritable.
Petite perle pour la fin : l’omniprésence/omnipotence, l’omnipoprésence de Pierre et Gilles. Le badernisme photographique kitchouillet à décor de carton pâte pour faux esthète creux et prétentieux.
Reste une envie personnelle. Si les hommes ont tant représenté le nu féminin, qu’attend-on pour faire, en contrepoint de celle d’Orsay, une exposition sur le nu masculin représenté par les femmes ?