Dans l’antre de l’imaginaire
Quel siècle incroyable que le 19ème qui a engendré tant de génies créateurs à la production phénoménale dans les domaines de l’art et de la littérature : Balzac, Hugo, Dumas, Courbet, d’autres encore…….
On assiste à l’apparition d’oeuvres pléthoriques qui dénotent une énergie hors du commun, en phase avec une époque de changements radicaux qui affectent tout le corps de la société.
Gustave Doré était doué d’emblée. Il n’aura pas eu à attendre et mûrir. Tout était à portée de main. Il lui suffisait de regarder et de se saisir du réel pour le transformer à sa guise, servi par un imaginaire démentiel.
Révolte sociale et transformations scientifiques et techniques traversent son oeuvre. La littérature lui permet d’accorder son sens de l’observation au passé et au présent. Et ses anticipations ouvrent la porte aux futurs médias culturels de masse du siècle suivant : bande dessinée, cinéma, dessin animé.
Il court. Il produit. Comme un fou. Et il meurt à l’âge de 50 ans, en quête d’une reconnaissance de son vivant qui ne viendra jamais.
Etrange condition que celle de cet homme engagé dans les grands combats sociaux de son temps, révolté et anarchiste, mais ayant éperdument ce besoin d’être célébré à sa juste mesure, plutôt glorieuse.
Les artistes ne sont-ils pas tous traversés par cette ambiguïté dont ils ne veulent pas réellement avoir conscience, méprisant à priori et par l’essence même de l’advenue solitaire de leur art ce qui pourrait apparaître comme une normalisation sociale de leur statut hors du commun et pourtant secrètement nécessiteux d’un regard extérieur les admettant comme membres à part entière de la société qu’ils critiquent ?
Gustave Doré est mort depuis bien des lustres. Le temps a consacré son oeuvre. C’était là son désir. Il n’y a rien d’autre à ajouter.